Lorsque vous êtes une petite Première Nation qui a de grands projets, vous utilisez chaque outil possible pour tirer profit de votre expertise à l’interne. Pour la Nation micmaque de Paqtnkek en Nouvelle-Écosse, cela voulait dire utiliser les services offerts par tous les instituts créés en vertu de la Loi sur la gestion financière des premières nations – et quelques autres obtenus ailleurs.
La Nation micmaque de Paqtnkek (qui se prononce BUCK-in-keg) compte 610 membres. Environ 400 membres vivent sur la réserve, située à 22 kilomètres d’Antigonish, en Nouvelle-Écosse. La réserve comporte certaines zones écosensibles et est coupée en deux par la route transcanadienne, créant ainsi le secteur nord et le secteur sud qui, jusqu’à tout récemment, n’étaient pas reliés entre eux. Bref, il y a beaucoup d’obstacles à tout genre de développement.
Cela n’a pas toutefois pas arrêté les dirigeants de la communauté.
« Nous avons décidé, il y a déjà un bon moment, que le développement économique serait essentiel pour assurer notre avenir », a déclaré Paula Pictou, coordonnatrice des terres pour le compte de la Nation micmaque de Paqtnkek. « Nous voulions faire les choses de la bonne façon, alors nous avons commencé à travailler avec les organismes nationaux établis en vertu de la LGF. »
La Loi sur la gestion financière des premières nations (LGF) offre la possibilité aux gouvernements des Premières Nations d’avoir autorité sur les lois en matière d’administration financière, sur les recettes locales et sur le financement pour favoriser le développement économique et l’aménagement d’infrastructures. Les institutions créées en vertu de la LGF offrent du soutien et des outils aux Premières Nations participantes pour renforcer leurs communautés et leurs économies. Ces institutions sont les suivantes :
- Le Conseil de gestion financière des Premières Nations (CGF);
- L’Autorité financière des Premières Nations (AFPN);
- La Commission de la fiscalité des premières nations (CFPN);
- L’Institut des infrastructures des Premières Nations (IIPN).
L’IIPN, l’Institut des infrastructures des Premières Nations, a été officiellement établi en juin l’an dernier pour offrir des services gratuits visant à aider les Nations à planifier des projets d’infrastructure rentables et efficaces. L’Institut a travaillé sur deux projets pilotes – la Nation micmaque de Paqtnkek est l’un d’eux (l’autre est la Nation des Chippewas de Kettle et de Stony Point).
« L’IIPN travaille avec nous pour élaborer une analyse de rentabilisation en ce qui concerne l’expansion de nos réseaux d’aqueduc et d’égouts pour nous permettre de croître. Nous avons des plans concernant l’aménagement de logements supplémentaires et la phase deux de notre projet de développement économique », explique Rose Paul, PDG de la Bayside Development Corporation, Nation micmaque de Paqtnkek.
La phase un de son projet de développement économique est le Bayside Travel Centre, qui comprend une station-service Esso Commercial Card Lock, une station-service Retail Fuel Bay, le dépanneur Bayside, une succursale de la Nova Scotia Liquor Corporation (la première établie dans une communauté micmaque), un Tim Hortons, un Mary Brown’s Chicken, le Bayside Entertainment Centre où l’on retrouve des terminaux de loterie vidéo sous licence provinciale, un centre d’information touristique ‘By-the-Bay’ et un salon privé pour les camionneurs.
Les plans pour la phase deux du projet comprennent un centre qui proposera un hôtel et un parc d’affaires, y compris des locaux à bureaux.
« Nous avons fait beaucoup de chemin depuis qu’on nous a dit que nous n’aurions droit qu’à un petit terrain triangulaire pour vendre des perles et des babioles », affirme Mme Rose.
Ce long parcours comprenait du travail avec le Conseil consultatif des terres visant à élaborer un code foncier qui a été ratifié en 2022. En recourant au pouvoir que lui conférait son code foncier, la Nation micmaque de Paqtnkek a organisé des séances de mobilisation communautaire pour élaborer un plan d’utilisation des terres. L’amélioration et l’expansion des réseaux d’aqueduc et d’égouts permettront à la communauté de croître et de réaliser la vision qu’elle avait décrite par le biais de son plan d’utilisation des terres.
En tant que membre de l’Atlantic First Nations Water Authority (AFNWA), la Nation micmaque de Paqtnkek utilise le plan d’utilisation des terres pour déterminer où se situera la demande future d’infrastructures. L’AFNWA n’est pas une institution créée en vertu de la LGF, mais c’est toutefois un organisme des Premières Nations qui offre des services à 29 Nations membres dans la région de l’Atlantique.
« Nous sommes la propriété de la communauté et avons une approche axée sur les services qui se veut responsable, équitable et fondée sur une approche à double perspective », a déclaré James Mackinnon, directeur de la Mobilisation et des Relations gouvernementales de l’AFNWA. « Nous travaillons sur la modernisation des immobilisations, sur le financement et sur le fonctionnement et la gestion des réseaux d’aqueduc et d’égouts ».
Le soutien de tous ces divers organismes a donné à la Nation micmaque de Paqtnkek une solide fondation pour être en mesure de négocier avec la province et de collaborer avec d’autres partenaires, selon Darcy Gray, membre de l’équipe de la Bayside Development Corporation.
« Vous avez des rapports sur l’utilisation de l’eau et sur les eaux usées et sur les besoins de la communauté qui ont été faits et soutenus par l’Atlantic First Nations Water Authority », mentionne-t-il.
« Vous avez la gestion des terres, la planification de l’utilisation des terres et les travaux sur le code foncier. Vous avez la mobilisation communautaire et le dialogue avec la communauté qui vous donnent une certaine orientation. Et ensuite, lorsque vous êtes assis autour de la table pour discuter avec la province de la Nouvelle-Écosse, exprimer l’importance du projet devient beaucoup plus facile, parce que vous avez le contexte, vous avez les plans, la documentation à l’appui et les renseignements techniques dont vous avez besoin en main. »
Avec toute sa planification méticuleuse, la Nation micmaque de Paqtnkek ne construit pas juste pour le plaisir de construire, mais génère plutôt des revenus commerciaux pour répondre à ses besoins actuels et futurs en matière de soins de santé, de logement, d’éducation et de loisirs.
Comme le dit Paula, la planification est la clé. « Vous avez besoin d’un plan. Faites appel à l’IIPN. Elle est là pour aider. Vous ne pouvez pas vous tromper! »
Rose dit que c’est utile de s’assurer d’utiliser toutes les ressources disponibles lorsque l’on met des projets ambitieux en œuvre.
“Nous n’aurions pas pu accomplir tout cela seuls. Être en mesure d’utiliser les outils créés en vertu de la LGF a fait la différence. Utilisez les outils pour reprendre le contrôle de votre Nation. »