Lorsqu’il est question d’autodétermination des Premières Nations, l’infrastructure n’est habituellement pas le premier mot qui nous vient à l’esprit. Toutefois, un certain nombre de dirigeants autochtones s’affairent à changer cela. Ce sont les personnes qui orientent la mise en place d’une nouvelle organisation : l’Institut des infrastructures des Premières Nations (IIPN), et elles disent qu’une bonne infrastructure est essentielle pour permettre l’autonomie gouvernementale des Premières Nations.
La mission de l’Institut consiste à fournir les compétences et les processus nécessaires pour que les communautés des Premières Nations et les organisations autochtones puissent planifier, acquérir, posséder et gérer, de manière efficace et rentable, les infrastructures sur leurs terres. On part du principe que des infrastructures publiques de grande qualité sont essentielles à la santé et à la durabilité des communautés – que le système actuel ne sert pas bien les intérêts des Premières Nations – et qu’une approche dirigée par les Autochtones est nécessaire.
« L’infrastructure est un précurseur au développement économique. Nous avons besoin d’eau, nous avons besoin de routes, nous avons besoin de centres de santé. Si nous voulons attirer le tourisme ou les affaires sur nos terres, nous avons besoin de tout cela », a déclaré Ernie Daniels, PDG de l’Administration financière des Premières nations.
M. Daniels a fait ce commentaire lors de la 5e conférence Les Premières nations montrent la voie à suivre tenue l’automne dernier à Winnipeg, sur le territoire du Traité no 1, devant les délégués des Nations qui ont choisi d’adhérer à la Loi sur la gestion financière des premières nations (LGF) ou au code foncier.
Intitulée Résilience économique et innovation, la conférence a mis en valeur les réalisations des Premières Nations en utilisant les lois et les accords dirigés par les Premières Nations pour améliorer leurs économies grâce à une plus grande autonomie fiscale, une meilleure gestion financière, le financement par débenture et une saine gouvernance foncière.
Les délégués qui ont assisté à la séance de discussion du groupe d’experts de l’IIPN ont appris que l’Institut réunira tous ces éléments pour tirer parti du succès – et compléter les services – des trois institutions déjà établies en vertu de la LGF :
• le Conseil de gestion financière des Premières Nations;
• l’Administration financière des Premières nations;
• la Commission de la fiscalité des premières nations.
Ces organismes offrent des services et de l’expertise à plus de 300 Premières Nations à l’échelle du Canada.
L’Institut des infrastructures des Premières Nations (IIPN) a été conçue en 2017 afin de créer une nouvelle façon de combler l’écart de la valeur de l’infrastructure dans les communautés des Premières Nations au Canada par rapport au reste du pays. Des études ont estimé que cet écart – qui se veut la différence entre les communautés autochtones et non-autochtones au Canada – serait de l’ordre de plusieurs milliards de dollars.
Les membres du Conseil de développement de l’Institut prétendent qu’une nouvelle façon de réaliser l’infrastructure des Premières Nations est nécessaire parce que le processus actuel crée une infrastructure qui prend plus de temps à construire, coûte plus cher et a des cycles de vie opérationnels plus courts que l’infrastructure comparable développée par d’autres gouvernements.
« Chaque Première Nation sait à quel point le processus est lent », a déclaré Allan Claxton, président du Conseil de développement de l’IIPN et représentant de la Colombie-Britannique (il est membre du conseil de la Première Nation de Tsawout et en a déjà été le chef élu).
Le Conseil de développement guide l’Institut jusqu’à ce qu’il soit officiellement établi au moyen de modifications apportées à la Loi sur la gestion financière des premières nations. Des travaux sont cependant déjà en cours et M. Claxton est enthousiaste à propos des possibilités pour l’avenir.
« Avec un groupe des Premières Nations comme l’IIPN, nous avons les personnes à qui nous pouvons parler [à propos des projets d’infrastructure], les personnes qui viendront dans nos communautés avec du soutien technique », a-t-il indiqué. « Elles ont vraiment nos Nations à cœur et peuvent constituer une équipe en mesure de faire avancer les choses beaucoup plus rapidement que Services aux Autochtones Canada (SAC) ne l’a jamais fait. C’est le genre de chose à laquelle j’ai rêvé durant les 20 années que j’étais chef. »
L’IIPN travaille avec deux Nations sur ce qu’ils ont appelé des projets de « validation de principe ». Le terme fait référence aux projets pilotes visant à démontrer qu’un concept est réalisable. Les délégués présents à la Conférence Les Premières nationss montrent la voie à suivre en ont appris un peu plus sur ces deux projets durant la séance de discussion du groupe d’experts de l’IIPN, animée par le membre du Conseil de développement David Crate (chef de la Nation crie de Fisher River au Manitoba).
Jason Henry (qui était alors le chef de la Première Nation des Chippewas de Kettle et de Stony Point en Ontario) a décrit le projet d’égouts sur lequel sa communauté a travaillé en compagnie de l’Institut.
« Les gens de l’IIPN se sont assis en compagnie de nos dirigeants et de notre personnel afin d’examiner les options techniques, les options en matière d’approvisionnement et les options financières. [Ils ont] examiné notre PDU [plan directeur d’urbanisme] et se sont également tournés vers notre communauté pour parler du projet », a-t-il indiqué, en expliquant que les conseillers de l’IIPN avaient comblé un vide en termes de capacité technique au sein de la Bande. « En travaillant avec l’IIPN, nous incorporons les pratiques exemplaires de l’industrie, de même que notre culture, notre savoir local et nos priorités communautaires. »
Rose Paul est agente des initiatives de développement économique pour la Nation micmaque de Paqtnkek en Nouvelle-Écosse et la PDG de Bayside Development, le centre commercial de la communauté. Elle a parlé des plans visant à agrandir et à améliorer les systèmes d’aqueducs et d’égouts de sa communauté afin de favoriser l’aménagement de logements supplémentaires, l’expansion des immeubles publics – y compris une école – et plus de développement économique à Bayside.
« Nous entrons dans une ère d’autogouvernance de la Nation micmaque de Paqtnkek », a-t-elle déclaré. « Nous obtenons plus de développement économique, de même que plus de recettes et plus de partenariats – notre objectif est d’être autosuffisants. »
Mme Paul affirme que l’Institut aidera les Premières Nations en tirant parti de l’expérience acquise en matière d’infrastructure à l’échelle du pays.
« L’équipe de l’IIPN était très bien munie pour nous aider puisqu’elle avait travaillé avec d’autres communautés des Premières Nations au Canada », a-t-elle mentionné. « Et, pour moi, c’est la meilleure façon d’apprendre – apprendre d’une autre communauté qui travaille sur la même chose et communiquer et apprendre les pratiques exemplaires. »
Mme Paul a indiqué que l’établissement de l’IIPN en vertu de la Loi sur la gestion financière des premières nations sera un grand pas en avant pour l’Institut.
« Cela montrera ce que l’IIPN est sans l’ombre d’un doute l’institut de référence lorsqu’il est question d’infrastructure des Premières Nations. »
Pour obtenir des renseignements supplémentaires :
www.fnii.ca
Entrevue en baladodiffusion avec Rose Paul, PDG de Bayside Development et agente des initiatives de développement économique pour la Nation micmaque de Paqtnkek en Nouvelle-Écosse.